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Atelier d'écriture Intéractif
Parce que chacun porte en soi une histoire, même brève, même vacillante.
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Un vaccin contre les « fake news » ?

Pourquoi et comment apparaissent les fausses nouvelles ?

Un vaccin contre les « fake news » ?

Tout progrès, scientifique ou technologique détient en son sein, sa part de dérive. Nous avons beau aimé et adulé l’ère de l’information que nous vivons actuellement. Mais avons-nous mesuré la portée de son virus que nous nommons communément « fake news » ?

La propagation d’une fausse nouvelle telle que nous la connaissons aujourd’hui est due à une vulnérabilité́ des individus. Les auteurs des fake news profitent de la fragilité́ de certaines personnes face aux fausses informations présentes sur les réseaux sociaux en semant confusion et polémique sur des sujets captivants, afin qu’elles soient d'avantages partagées.

Les fake news se nourrissent la plupart du temps de notre désir d'avoir raison et de rejeter tout ce qui contredit nos pensées, nous amenant ainsi à croire une information sans la vérifier. Mais le manque de raisonnement analytique reste la principale cause de leur succès. Autrement dit, un savoir défaillant dû à un manque d’instruction, représente un facteur à risque de propagation de ce virus.

Dans le même temps, nos sociétés modernes lisent de moins en moins (la bonne lecture). Bien que le chiffre d’affaires des maisons d’édition ainsi que les courbes de vente des livres soient en hausse, les gens lisent peu, et cette tendance touche toutes les tranches d’âges, à savoir enfants comme adultes. En effet, il s’avère que l’augmentation de la population mondiale et l’accès à l’éducation nous leurrent avec le nombre de livres vendus, faisant croire qu’on lit de plus en plus. Le constat est sans recours : on délaisse peu à peu cette activité avantageuse et constructive qu’est la lecture.

Depuis quelques années, nous avons intégré dans nos vies de nouvelles manières d’appréhender la lecture, et ceci a influencé fortement l’appréciation que nous avons de la langue. Ces nouvelles pratiques ont principalement émergé des nouvelles technologies qui investissent notre quotidien et qui poussent à lire et à écrire des messages en mouvement. Que ce soit dans le métro, dans la rue ou dans un café, nous ne cessons de pratiquer l’écriture et la lecture négligemment. En effet, notre attention dissipée et notre manque de concentration quant à la formulation de phrases correctement écrites, ont fait que notre rapport à la langue perd en substance qualitative. Les règles de la grammaire et de l’orthographe perdent peu à peu de l’importance. L’écriture SMS en est un exemple frappant : l’utilisation d’abréviations assèche la langue et appauvrit de ce fait le savoir. Une langue mal maitrisée mène inévitablement à un savoir mal aiguisé. Ceci découle en grande partie de cette autonomie que l’individu a acquise face à l’écran. N’étant plus sous surveillance, on ne fait plus attention à l’ordre qui régissait autrefois les textes. Faire ce que l’on veut avec les mots, c’est tout justement cet esprit individualiste qui fait croire que le souci d’une communauté de savoir devrait être mis au second plan. De plus, l’illusion égocentrique, celle qui fait croire à une personne qu’elle est « maître » de son écriture, ne fait qu’aggraver la situation.

À ce propos, il est important de souligner que les réseaux sociaux ont investi l’espace social et ont acquis un rôle majeur dans les activités humaines. Les relations entre individus dépendent aujourd’hui de Facebook, Instagram et de bien d’autres. Le sens de la famille, l’amitié, l’amour et même l’activité professionnelle se voient modelés, voire gouvernés par ces nouvelles technologies numériques. L’espace du virtuel s’invite dans celui du réel, et cela n’a jamais été aussi palpable qu’en ce début de millénaire. La limite qui se dressait entre ces deux espaces — virtuel et réel — se réduit constamment, ce qui nous mène indubitablement vers une nouvelle manière d’interagir avec notre environnement.

Ainsi, cette tribune qu’offre le réseau social à l’individu et dont il était privé jusque-là, autorise tous les écarts, jusqu’au point de considérer l’écriture qui ne respecte aucune règle comme de la créativité à laquelle souscrivent bon nombre d’utilisateurs. Mais cette reproduction dans l’acte d’écrire a des conséquences désastreuses, en particulier sur la vie professionnelle qui peut en être grandement affectée. À force de répéter les erreurs de langue, on les intériorise au point de les prendre pour justes, ce qui nous met dans des situations désavantageuses et inadmissibles face à un recruteur, un collègue ou un patron. Il s’avère qu’heureusement, la bonne orthographe et le maniement de la langue restent encore un gage de qualité professionnelle même dans notre société « technologisée ».

Dans son essai Les générations au fil du temps, Gilles Pronovost rappelle l’importance de l’éducation dans le processus de révélation des intérêts qui s’offrent à l’enfant. L’horizon des possibles lui est offert, et c’est exactement ce choix que les parents doivent appréhender. Le sociologue explique que l’apprentissage au moment de l’enfance se fait principalement via l’observation. L’enfant regarde, intériorise, et imite son père ou sa mère. De ce fait, plus un parent lit, plus il sera visible, et plus grande sera la chance que l’enfant capte l’image de ce lecteur qui lui révèlera la passion de la lecture. L’effet inverse est tout aussi plausible : si les parents passent leur temps à regarder la télévision, il y aura de fortes chances que l’enfant les suive dans cette voie. Il serait ainsi assez regrettable de préférer la télévision au livre.

Outre ce lien qui se tissera entre le regard extérieur de l’enfant porté sur ses parents et sa construction intérieure faite de fragments d’attention soutenue, le monde social enveloppera l’individu à sa sortie de l’enfance. Cette entrée dans le nouvel univers agira comme un contrepoids allant à l’encontre de l’éducation parentale. L’influence de cette dernière s’amenuisera progressivement pour laisser place à celle de camarades de classe, d’amis et autres sous-groupes sociaux dont il fera partie. Cet environnement est fortement soumis à des lois, comme celle de suivre et d’adopter ce qui est à « la mode » par exemple.

C’est justement à travers les réseaux sociaux que l’effet de « tendance » se génère et se régénère. Facebook ou Instagram sont devenus en quelques années seulement, de puissants régulateurs de représentations sociales, qui captent les attentions avec une fabrication ininterrompue de modèles que l’on doit suivre, dont l’image. En effet, l’identité numérique tend à transcender le réel, et notre époque a perdu tout attrait pour les valeurs culturelles telles que la littérature qui avait une place privilégiée dans l’espace public, ou bien l’esprit intellectuel pour lequel les penseurs et philosophes étaient adulés et admirés.

Bien au contraire aujourd’hui, c’est par une sorte d’exhibition du paraître qui se définit — par exemple — par le nombre de followers qui nous suivent sur notre page Instagram, que la valeur culturelle prend son essor. L’apparence a supplanté l’être en le confondant jusqu’à sa disparition dans l’apparat. Autrement dit, à notre époque, ce que l’on voit de nous est beaucoup plus important que ce que nous sommes réellement. Pour rendre plus forte cette idée, tout un appareillage est mis en place pour façonner précisément et renforcer solidement ce modèle. Les photos sophistiquées avec des logiciels de plus en plus pointus nous attribuent une apparence « parfaite » ; objet davantage que corps, notre silhouette devient fonctionnelle. Arme de captation de l’attention, piège à admirateur, l’objet-corps numérisé se substitue parfaitement à ce qui autrefois donnait de la valeur à une personne : prose, intellect, finesse d’esprit, vaste savoir. La mise en scène de soi est suivie systématiquement par une évaluation de ceux à qui on présente notre moi digital. Tout un dispositif orchestre la distribution de bons ou de mauvais points. Les likes de Facebook, mais également des émoticônes qui miment l’humeur et le sentiment, remplacent complètement l’attention réelle que l’on peut porter à une personne. Au lieu de lire ou d’écrire un commentaire, un état d’être ou un avis, on nous invite à la nonchalance, à travers de simples clics dénués de toute réflexion : pouces, smiley, clin d’œil, cœur. C’est l’époque de l’amoindrissement du discours et de ce qu’il soutient de savoir.

À mesure que ces éléments se mettent en place dans nos vies, la conviction que bien d’autres plus bêtes telle que l’application Tik tok surgissent déjà dans notre champ social. Ces inventions, si nous pouvons encore les appeler ainsi bousculeront sans nul doute notre vision des choses, encore une fois.

L’ère de la rapidité et de l’instantanéité ne cesse d’investir et de remplacer nos pratiques les plus élémentaires en redéfinissant ce qui est « branché » de nos jours.

Tout un arrière projet abrutissant s’installe peu à peu dans nos vies. Il serait dangereux de ce fait de ne pas l’enrayer pour renverser son dessein, afin que nous profitions positivement de ses bienfaits plutôt que de subir ses méfaits.

Ainsi, pour contrecarrer les effets néfastes des avancées technologiques, nous devons avant tout penser à les utiliser à bon escient au lieu de les employer à assouvir notre narcissisme grandissant et la fausse image que nous renvoie de nous-même le numérique. À vrai dire, nous devons combattre le simulacre technologique qui s’insinue dans le réel, pour rétablir la réalité humaine avec l’aide de la technologie.

Nous devons lire plus souvent pour constituer un bagage de connaissances afin de nous protéger de ce virus, et porter un regard critique sur l’évolution de notre société.

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